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Démocratie et totalitarisme (Raymond Aron)

Où l'on trouve ceci, qui me semble être précisément ce qu'on a perdu de vue et ce pourquoi on est en crise économique :

Le bon compromis est souvent facile en matière économique ; on en fait un large usage. Même en matière économique il est des circonstances où le compromis n'est pas praticable ; 50% de gestion administrative et 50% de mécanisme du marché ne font pas une économie efficace. Tel est probablement le problème-clé de nos régimes d'Occident ; quel est l'usage du compromis, indispensable pour n'aliéner aucune fraction de la collectivité sans manquer aux nécessités de l'action efficace ? Il va de soi qu'il n'y a pas de réponse, une fois pour toutes définies (...) disons qu'un régime pluraliste fonctionne bien s'il parvient à "un bon usage du compromis".

Et un rappel historique qui a peut-être aussi quelque chose à nous dire :

Souvenez-vous de l'occupation de la Rhénanie en mars 1936 ; l'alternative était claire : réplique militaire ou acceptation. Une réplique militaire était difficile à la veille des élections, l'acceptation passive était difficile en raison de la portée de l'événement. On a choisi la formule intermédiaire, c'est-à-dire que l'on a déclaré solennellement que l'on n'accepterait pas ce que l'on acceptait en fait (...) Tout régime de cet ordre [la démocratie donc...] sera toujours enclin à substituer le refus verbal au refus effectif et à croire que le monde n'est pas ce qu'il est.

Gallimard, 1965.



17/04/2010
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