Jean John Juan Hans Ivan 1
Désespérant de trouver un éditeur digne de ce nom pour mes oeuvres, j'ai commencé à mettre en ligne des extraits (voir par exemple Panthéisme mode d'emploi (chapitre sur les valeurs) et aussi, extrait de La Bible source de l'antisémitisme ? La pesanteur et la grâce, 2 (Simone Weil) antisémite ?).
Il s'agit ci-après d'un résumé des vies et oeuvres de tous les Jean et Jeanne, qui se sont distingués, en bien ou en mal, en professionnels ou en amateurs, sur des questions touchant à la métaphysique, à l'au-delà, au paranormal, etc. Donc aussi bien des papes, antipapes, saints, réformateurs, que des athées, libres-penseurs, philosophes, etc. Premier extrait :
Le « petit Hans » (1903-1973)
Il s’appelait en fait Herbert Graf mais Sigmund Freud a préféré changer le nom, ce qui en soi n’a rien d’anormal. Il a donc été le premier jeune enfant psychanalysé, est longtemps resté le seul. Devenu grand, poursuivant une honorable carrière de metteur en scène d’opéras, il a fortement contesté les conclusions de Freud sur son cas. Par exemple, en simplifiant, quand on a peur des chevaux après en avoir vu un chuter lourdement tout près, il n’y a pas lieu de chercher des histoires de sexe, même si histoires de sexe il y a par ailleurs. Réponse classique des freudiens purs et durs : c’est un cas typique de « résistance ».
Le site https://www.cairn.info est clairement, dévotement oserai-je dire, freudien. Pourtant, quand il évoque cette histoire, il ne cache pas un certain malaise[1]. Dès le début :
Malgré ses limites, le cas du petit Hans a conservé l’esprit novateur, la naïveté et la fraicheur de la première exploration des pensées, des émotions et des fantasmes infantiles. À l’occasion de la célébration du 150e anniversaire de la naissance de Freud (1856-2006), n’est-il pas pertinent de reconsidérer le cas du petit Hans ?
Il semble quand même que Freud n’ait vu que ce qui l’intéressait, et soit passé à côté d’éléments essentiels, flagrants. Dans la suite :
Le conseil que Freud a donné au père au début du traitement serait aujourd’hui considéré comme inapproprié : il lui a recommandé d’expliquer à son fils que l’affaire des chevaux était une bêtise, qu’il aimait beaucoup sa mère et qu’il voulait aller dans son lit.
A priori, et tel était semble-t-il le point de vue d’Herbert Graf adulte, ce conseil qui « serait aujourd’hui considéré comme inapproprié » était un défi au bon sens. L’art de la litote.
Freud reste étonnamment silencieux quant aux menaces de punition des parents [par rapport à la masturbation, sévèrement réprouvée à l’époque] ; et, tout comme le père de Hans, il ne relève pas le mauvais traitement de la petite Hanna [petite sœur de Hans, suicidée par la suite avant l’âge adulte]. Il a laissé de côté le trauma extérieur, les conflits et agissements des parents au profit des conflits œdipiens et des fantasmes inconscients de l’enfant. Voulant mettre en évidence les conflits du petit Hans, l’interprétation analytique a mis de côté l’interaction parents-enfant.
Plus loin :
Tandis que la mère reste en arrière-plan, comme dans tous les cas de Freud, son dysfonctionnement parental sévère, particulièrement avec sa fille Hanna, n’avait jamais fait l’objet d’un examen analytique minutieux. Ou plutôt, Freud avait paradoxalement remarqué à l’origine : « Nous devons aussi prendre le parti de la mère de Hans, si bonne et si dévouée ».
Freud pouvait d’autant moins ignorer les problèmes psychologiques graves de cette mère qu’il l’avait analysée avant la naissance de Hans. À se demander s’il ne voulait pas croire et faire croire à la réussite du traitement. Quoi qu’il en soit, cela fait beaucoup de non-dits sérieux pour un supposé cas de référence de la psychanalyse.
[1] Harold P. Blum, Le petit Hans : une critique et remise en cause centenaire, dans Topique 2007/1, pris sur https://www.cairn.info/revue-topique-2007-1-page-135.htm.
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