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Panthéisme mode d'emploi les valeurs

Chapitre sur les valeurs extrait d'un mien ouvrage sur ma vision du panthéisme, qui cherche éditeur... 

 

Voici ce que dit, sur la valeur au sens philosophique, wiki :

 

Penser en valeur consiste à ne penser une chose que sous l’angle de son évaluation autrement dit « à l’aune et en fonction de quelque chose d’autre ». Parler de valeur c’est « chercher ce qui vaut » et ainsi poser le problème de l’action et de son fondement légitime. Évaluer et agir sont liés. Nietzsche affirme dans la Généalogie de la morale : « l’homme se désigne comme l’être qui évalue et qui mesure, l’animal estimateur par excellence »…

 

Et au sens moral :

 

En philosophie, une valeur morale est un choix qui guide le jugement moral des individus et des sociétés. Les valeurs morales forment un corps de doctrines, qui prennent la forme d’obligations qui s’imposent à la conscience comme un idéal. Ces valeurs morales sont créées et transmises par les idéologies, les religions et les sociétés humaines. Certaines de ces valeurs morales se veulent universelles. Le don de soi, la tolérance, le respect, la loyauté, sont des exemples de valeurs morales. Sa science est l’axiologie.

 

Je ne sais pas dans quelle mesure ce qui suit relève ou non de l’axiologie ou de la philosophie. Les valeurs vont généralement par couples d’opposés complémentaires. Quand il fait froid, la chaleur a une grande valeur. Quand il fait chaud, c’est la fraicheur. Le Coran invoque constamment un paradis rafraichissant et un enfer brulant. Ne serait-ce pas parce qu’il a été lancé dans le Hedjaz, région essentiellement chaude et aride ?

 

Foi et doute

Si on veut se comprendre il vaut mieux donner le même sens aux mots. Et donc, dans ce qui suit, on entendra la foi, au sens le plus large, comme suit. Si vous n’êtes pas d’accord, autant que vous en restiez là.

La foi, donc, est, en tout cas dans cette page, une conviction, ou un ensemble de convictions, qui s’appuie sur autre chose que la certitude. Cet autre chose peut être un besoin, un ressenti, un argument d’autorité, un pari.

Elle peut être positive ou négative. Le monothéisme affirme péremptoirement l’existence d’un Dieu, et nie tout aussi péremptoirement l’existence d’autres dieux. Ceux qui mettent leur foi dans le Jugement dernier nient généralement la réincarnation, et vice-versa. L’athéisme peut être une foi.

 

À quoi sert la foi ?

À fournir des convictions quand on ne peut pas se contenter des certitudes dont on dispose, que ce soit par expérience directe, par connaissance scientifique ou autre. Par exemple, quand il est question de bien ou de mal, car on ne peut rien prouver de façon formelle et définitive, scientifiquement ou par quelque autre investigation rationnelle que ce soit, concernant le bien et le mal.

Et donc, à la limite, à chaque fois que l’on énonce « c’est bien » ou « c’est mal » on pose un acte de foi...

Et donc, la foi, au sens le plus large, doit servir à faire le bien. On n’en finit pas de constater qu’elle fait le bien, mais aussi de terribles ravages, donc le mal (là, en toute rigueur, il faudrait définir plus avant le mot « mal »... je fais le pari plus ou moins pascalien qu’il y a un accord minimal là-dessus).

 

Quand la foi est-elle nuisible ?

D’abord, elle peut exiger des actes abominables. Pendant des siècles, la foi Aztèque a impliqué de sacrifier des hommes pour faire briller le soleil. Voir aussi l’histoire des Thugs, pour qui piéger et étrangler des voyageurs isolés était un acte de piété. Sans aller à ces extrêmes, certains refusent au nom de leur foi des soins médicaux vitaux.

Ensuite, son utilité même, pour peu que cette utilité soit « publique », donc nécessitant un large consensus pour être maintenue, peut entrainer des effets pervers. Surtout si on ne peut la maintenir qu’en empêchant sa remise en cause. Voir Vérité*.

 

Treizième règle. Enfin, pour être tout à fait d’accord et conformes à l’Église catholique, si elle définit qu’est noir ce qui à nos yeux parait blanc, nous devons de même déclarer que c’est noir… (Ignace de Loyola, Exercices spirituels).

 

Doute

C’est le contraire, l’opposé, et en même temps le complémentaire, de la foi*.

 

Une foi qui ne doute pas est une foi morte (Miguel de Unamuno, L’agonie du Christianisme).

 

La foi sert à faire le bien, le doute sert à éviter de faire le mal. La foi est le moteur, le doute est le frein. Bien sûr, on n’appuie pas en même temps sur le frein et l’accélérateur, mais on doit pouvoir disposer des deux. Surtout, la foi qui refuse le doute, c’est le fanatisme*, un des pires fléaux de l’esprit humain.

 

Suggestion panthéiste

Rappeler à chaque occasion qu’il n’est pas un ennemi. Voir pari*.

 

Gnosticisme et agnosticisme

Le sens de « gnose » et celui de « gnosticisme » ne sont pas clairs, il n’y a pas consensus là-dessus même en laissant celle « de Princeton ». Au départ, on désignait ainsi un certain nombre de religions minoritaires, d’inspiration chrétienne ou non, des premiers siècles de notre ère. On les connaissait surtout par les réfutations horrifiées d’auteurs chrétiens comme Irénée. La découverte fortuite d’écrits gnostiques chrétiens à Nag Hamadi, en Egypte, en 1946, n’a pas vraiment clarifié, il n’y a toujours pas de consensus sur le sens précis à donner à ces termes. Quelques extraits représentatifs de l’Evangile de Thomas :

 

Logion 14 : Jésus dit à ses disciples : « Comparez-moi, et dites-moi à qui je suis semblable. » Simon Pierre lui dit : « Tu es semblable à un ange juste ! » Matthieu lui dit : « Tu es semblable à un homme sage et philosophe ! » Thomas lui dit : « Maitre, à qui tu es semblable, pour que je le dise, mon visage ne parvient absolument pas à le saisir. » Jésus dit : « Je ne suis point ton maitre ; car tu as bu : tu t’es enivré de la source bouillonnante qui est à moi et que j’ai répandue. » Puis il le prit et s’écarta : il lui dit trois mots. Et, lorsque Thomas revint vers ses compagnons, ils le questionnèrent : « Qu’est-ce que Jésus t’a dit ? ». Et Thomas leur répondit : « Si je vous dis une seule des paroles qu’il m’a dites, vous prendrez des pierres et vous me les jetterez, et un feu sortira des pierres et vous consumera ! »

 

Qu’est-ce que cela veut dire ? Essayons de décrypter. Jésus incarne une sorte de vérité ou valeur suprême, sublime, qui doit être le but à rechercher. Jusque-là, c’est ce que dit le Christianisme (« Je suis la voie, la vérité, la vie… »). Pas de quoi voir une hérésie. Mais aussi, cette vérité est extrêmement difficile à appréhender. Ce n’est pas un Credo auquel on adhère ou pas, mais simple à comprendre. Il y a de terribles obstacles, et ils sont essentiellement d’ordre non pas intellectuel mais émotionnel. Mais on peut les passer, certains y arrivent. Cela doit dire quelque chose à quiconque a suivi une psychanalyse (ou équivalent selon les écoles ou les cultures) jusqu’à affronter et intégrer l’Œdipe chez Freud, l’Ombre ou l’Anima ou Animus chez Jung, et cetera. Justement, Jung se voulait aussi gnostique.

 

Je vous invite donc à considérer que « gnosticisme » est l’opposé et complémentaire d’« agnosticisme ». Que dit l’agnosticisme ? Qu’on ne peut pas savoir d’où viennent, comment s’articulent, l’esprit et la matière, le bien et le mal, s’il y a ou non une vie après la mort, et cetera. Le gnosticisme pose donc en principe qu’on peut le savoir, ou du moins s’approcher de ce savoir, mais que c’est ardu, en quoi il s’oppose aussi au dogmatisme, au c’est comme ça, point.

 

Sacré, et humour

Au sens premier, est sacré ce qui est relié spécialement au divin. Il est donc, quand il fonctionne, à la fois éminemment impressionnant (pour ceux qui le considèrent comme tel), éminemment respectable, avec un aspect redoutable voire terrifiant. Le terme s’étant, comme bien souvent, dévalué, on le remplace parfois, dans son sens premier, par « numineux » (du latin numen).

On considère classiquement que son opposé est le profane, l’habituel, l’utilitaire, le banal. Je vous invite à considérer que l’opposé et complémentaire du sacré est l’humour.

 

Humour

On le trouve parfois dans un contexte religieux, ou associé à une religion. Il n’est pas certain que le Judaïsme se serait maintenu si ses fidèles n’avaient pas été capables de développer un humour très particulier. En voici deux exemples (dont on peut trouver de nombreuses variantes) qui peuvent fort bien être adaptés sans en trahir l’esprit :

 

Un juif se vante auprès d’un autre : « Mon rabbin, il est formidable ! Il s’adresse à Dieu et figure-toi que Dieu lui répond ! ». À quoi l’autre rétorque : « Ton rabbin est un menteur ! – Enfin, voyons ! Est-ce que Dieu répondrait à un menteur ? ».

 

Il y a une inondation terrible. Un homme se trouve coincé sur un monticule pas assez haut. L’eau lui arrive aux genoux et continue de monter. Une barque se présente, on l’invite à y prendre place, il refuse. « Dieu va m’aider ! ». L’eau lui atteint la ceinture, un hélicoptère arrive pour le secourir, il refuse encore. « Dieu va m’aider ! ». L’eau monte toujours, il finit par se noyer, arrive devant son Créateur, proteste : « Comment as-tu pu m’abandonner, moi qui ai toujours scrupuleusement suivi tes commandements ?? – Comment ça, je t’ai abandonné ? Je t’ai envoyé une barque et un hélicoptère ».

 

Les histoires suivantes, très classiques, n’ont pas, autant que je sache, été lancées dans un contexte religieux (la seconde pourrait aussi être juive mais je n’en ai pas trouvé de référence). Mais elles apportent un contrepoint intéressant à la précédente.

 

Un missionnaire, voyageant seul dans la brousse, se trouve soudain à la merci d’un lion qui semble terriblement affamé. Pas d’arme, pas de recours, il tombe à genoux et se met à prier : « Seigneur, faites que ce fauve éprouve des sentiments chrétiens ». Alors le lion joint ses pattes de devant et prie à son tour : « Bénissez, Seigneur, ce repas que je vais prendre... ».

 

Un homme s’adresse à Dieu : « Seigneur, qu’est-ce que pour toi cent millions d’années ? – Oh ! Une minute ! – Seigneur, qu’est-ce que pour toi cent millions d’euros ? – Oh ! Un centime ! – Seigneur, donne-moi un centime... – Attends une minute... ».

 

Un riche héritier écossais a dilapidé toute la fortune familiale au jeu. Il meurt. Son fils se met courageusement au travail, il arrive à reconstituer tout le patrimoine. Quand il meurt à son tour, son fils à lui est à l’abri du besoin pour le reste de ses jours. Seulement, arrive le fantôme de son grand-père paternel, qui lui ordonne : « Vends le château, vends tout ! ». Le garçon hésite et puis il obéit, tout y passe. Il n’a plus que de l’argent, mais beaucoup d’argent. Le fantôme revient et lui ordonne de même : « Va à Las Vegas ! ». On sait que c’est la capitale mondiale du jeu, dans le Nevada. Le garçon y va. Toujours obéissant à feu son grand-père, il entre dans un établissement où on joue à la roulette. Le fantôme : « Mise absolument tout sur le dix-neuf. Il obéit. Le quatorze sort. Le grand-père : « Pas de chance, petit, on a perdu… ». Et il disparait comme disparaissent les fantômes.

 

On peut trouver de l’humour même dans la Bible. On y trouve de tout de toute façon. Jonas, par exemple, dans le très court livre qui porte son nom. Ce malheureux reçoit l’injonction divine d’aller prêcher, et prêcher la repentance et la mortification, à Ninive, en Assyrie, chez les plus cruels conquérants de tous les temps ! Il ne veut pas. Pour y échapper, il s’embarque sur un bateau. Voici qu’une tempête se déchaine. L’équipage juge que c’est de la faute de Jonas et le passe par-dessus bord. Il se fait manger puis vomir par un poisson. Il comprend enfin qu’il y a une volonté au-dessus de la sienne. Il s’exécute donc, il va à Ninive, pour découvrir que les gens l’écoutent et se conforment docilement à ce qu’il leur demande.

Dans Tchouang Tseu, un des classiques du Taoïsme, on trouve des histoires piquantes avec de l’autodérision. Tchouang Tseu donc (Zhuanzi en pinyin) observait un jour une mante religieuse attrapant et dévorant une fourmi. Il se dit que cette fourmi a perdu le Tao. La mante religieuse se fait manger à son tour par un oiseau. Lui se dit qu’elle a perdu le Tao. Il est pourvu d’un arc, il abat l’oiseau qui a dû aussi perdre le Tao. Et il manque de peu se faire attraper par le garde-chasse de service pour braconnage. Autre histoire, un jour Tchouang Tseu emmène ses disciples en promenade dans la campagne. Ils observent des bucherons au travail. Ils voient qu’un certain arbre reste seul debout. Un homme explique que c’est un ailante, qu’il ne peut servir à rien, ni pour la menuiserie, ni pour le feu. Tchouang Tseu conclut pour ses élèves que, pour vivre longtemps, il vaut mieux être inutile. Ils continuent leur chemin, tombent sur un paysan qui ordonne à un serviteur d’égorger un coq, avec cette précision : « Celui qui ne chante jamais. L’autre nous réveille, il est très utile ».

 

Suggestion panthéiste

En lire ou diffuser (pourquoi pas des gags appropriés ?) dans certaines circonstances. Ne pas oublier que l’humour est l’opposé, donc aussi le complémentaire, du sacré* (bien sûr, on ne peut les invoquer en même temps, pas plus que la foi* et le doute*).

 

Toute-puissance et toute-impuissance

Un moine médiéval à l’esprit aussi pertinent qu’impertinent (question de point de vue, voir Éléphant*) posa un jour la question suivante : Dieu peut-Il, oui ou non, créer un rocher si énorme que Dieu Lui-même ne puisse le remuer ? Quelle que soit la réponse, elle implique une limite à la toute-puissance.

L’idée même de toute-puissance apparait paradoxale dès lors qu’on se demande si elle s’exerce aussi sur elle-même. Ne doit-on pas d’abord être maitre de soi-même ? Elle devient problématique quand sa promotion s’accompagne d’exigence toutes plus péremptoires et pathétiques les unes que les autres. Pour illustrer cela, on n’a qu’à ouvrir la Bible, ou plus encore le Coran, à peu près au hasard. C’est le noyau central du monothéisme.

Il n’en a pas le monopole. Au moins dans le principe, cela se trouve dans des doctrines parfaitement athées. Arthur Koestler décrit dans son roman Le zéro et l’infini (titre d’origine Darkness at noon) la désillusion et la descente aux enfers (terrestres) d’un personnage qui serait inspiré de Nikolaï Ivanovitch Boukharine (compagnon de Lénine, rédacteur d’une constitution soviétique particulièrement permissive et maintenue quoique non respectée, et victime emblématique de Staline). À un moment, dans sa cellule avant exécution, il raisonne ainsi :

 

Le parti niait le libre-arbitre de l’individu – et en même temps exigeait de lui une abnégation volontaire. Il niait qu’il eût la possibilité de choisir entre deux solutions – et en même temps il exigeait qu’il choisît constamment la bonne. Il niait qu’il eût la faculté de distinguer entre le bien et le mal – et en même temps il parlait sur un ton pathétique de culpabilité et de traitrise. L’individu – rouage d’une horloge remontée pour l’éternité et que rien ne pouvait arrêter ou influencer – était placé sous le signe de la fatalité économique, et le parti exigeait que le rouage se révolte contre l’horloge et en change le mouvement. Il y avait quelque part une erreur de calcul[1]

 

On est donc bien, comme avec la toute-puissance divine, devant le paradoxe* redoutable de quelque chose qui adviendra inéluctablement mais qu’on est instamment prié d’aider à advenir en oubliant tout le reste...

 

Toute-impuissance

C’est tout simplement l’inexistence. Exister, c’est avoir une influence, quelle qu’elle soit.

 

Suggestion panthéiste

Giordano Bruno ne rejetait formellement pas l’idée de toute-puissance puisqu’il s’y appuyait pour soutenir la possibilité d’une infinité de monde (pourquoi une entité toute-puissante se limiterait-elle à un seul ?). Mais faut-il rappeler qu’il n’y a pas de prophète infaillible du Panthéisme (si vous considérez comme tel l’auteur de ces lignes il vous en laisse la responsabilité).

Il est bien plus cohérent de soutenir que Dieu, personnalisation de la Valeur Suprême, est entre toute-puissance et toute-impuissante, ou plutôt au-dessus et au-delà de l’activité et de la passivité. Comme au-dessus et au-delà du masculin et du féminin, de la foi et du doute, de la solidarité et de la compétition, de l’unicité et de la multiplicité, du sacré et de l’humour, tous couples de valeurs aussi opposées que complémentaires, ce que la tradition chinoise résume par l’opposition Yin-Yang.

Et cela devrait être posé en principe.

 

Solidarité et compétition

Elles sont présentes à tous les niveaux de la vie. Les insectes fécondent les fleurs, et les fleurs nourrissent les insectes. Et les fleurs rivalisent entre elles pour attirer les insectes, et les insectes rivalisent pour l’accès aux fleurs. Il peut y avoir compétition comme solidarité entre prédateurs (qui peuvent rivaliser ou coopérer) comme entre proie (qui peuvent se grouper pour faire front, ou fuir, donc rivaliser de vitesse et laisser les moins rapides se faire dévorer).

Imaginez une entreprise où il n’y a plus que la solidarité, chacun est certain de gagner sa paye à la fin du mois, même en ne faisant rien. Sera-t-elle compétitive ?

Mais à l’inverse, imaginez qu’il n’y ait plus que la compétition entre salariés, les moins performants devant par exemple être licenciés. Si je possède un renseignement qui pourrait faire gagner des heures à un collègues et rival, vais-je le lui donner ? Et si je vois qu’il prend de l’avance, que donc c’est moi qui vais être viré, n’aurai-je pas intérêt à jeter une bonne pelletée de sable dans sa machine (ce qui bien sûr peut prendre d’innombrables formes) ? L’entreprise sera-t-elle plus viable ?

On sait que les deux cas existent.

 

[1] Arthur Koestler, Le zéro et l’infini, Calmann-Lévy, 1945, p. 308.



28/05/2022
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