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Le sexe des mots (Marina Yaguello)

Cet ouvrage se présentant comme un dictionnaire, on trouvera à sa place chaque mot mentionné ci-après. Il invite à s'interroger sur l'origine du "sexe" (en fait du genre, mais "sexe" est plus sexy, forcément) des substantifs de la langue française.

Connaissez-vous l'adjectif "épicène" ? Je l'ai découvert dans ce livre mais il se trouve dans le plus courant des dictionnaires français. Il signifie qu'un mot, substantif ou adjectif, s'écrit exactement de la même façon au masculin ou au féminin. Exemples, un ou une enfant, un ou une élève.

L'auteure (féminin d'origine québecoise calqué sur "supérieure" ou "prieure" qui ne s'impose pas mais qu'elle accepte) s'intéresse en priorité à la féminisation des substantifs désignant des personnes. Sans oublier de mentionner que dans un milieu aussi masculin que l'armée on utilise des termes féminins pour désigner un certain nombre de fonctions : estafette, ordonnance, sentinelle, vigie... il est vrai que dans un milieu aussi féminin que la mode on dit "un" mannequin...

Ni de rappeler d'où on vient :

Voici ce qu'écrit Vaugelas sur le genre masculin : "(...) Le genre masculin étant le plus noble doit prédominer chaque fois que le masculin et le féminin se trouvent ensemble" (Remarques sur la langue française, cité par le GR).

Le féminin "amatrice" d'"amateur" existe depuis au moins 1488, il est parfaitement régulier. L'auteure ne comprend pas qu'il ne s'impose pas, comme "directrice", "actrice", "aviatrice" etc. etc. qui donnent toute satisfaction. Je suggérerai que "l'amatrice", cela peut s'entendre "la matrice", qui désigne classiquement un organe sexuel (même si le mot prend d'autres sens aujourd'hui)... l'intérêt de ce genre d'ouvrage est aussi qu'on peut aller plus loin...

"Secrétaire" est a priori épicène... sauf qu'on dit encore : "Madame le Secrétaire d'Etat...". C'est donc un de ces couples de mots qui ont des sens différents, apparentés ou non, d'origine commune ou non, qui ont un sens un peu ou totalement différent selon qu'ils sont masculins ou féminins : mode, poste, somme, tour, vase, voile, etc.

On note que notre auteure s'en tient généralement au français de bonne race (enfin, elle se penche quand même sur le cas complexe de "con" et "conne", par exemple). En s'interrogeant sur les difficulté de mettre "professeur" au féminin, elle ne remarque pas que son abréviation populaire très répandue "prof" est parfaitement épicène. De quoi creuser là aussi...

Belfond, 1989.



23/04/2011
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