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Faites vous-même votre malheur (Paul Watzlawick)

Les livres de recettes du bonheur ou de la sagesse sont à peu près aussi vieux que l'écriture. Comment innover radicalement ? Comment, aussi, éviter le côté pontifiant, prêchi-prêcha, gnan-gnan, inhérent au genre ? L'auteur a une solution toute simple (Seuil, 1984 pour la traduction française) : il préconise (au premier degré) tout le contraire. Extraits :

Vivre en conflit avec le monde et, en particulier, avec les autres hommes, voilà qui est à la portée du premier venu, mais sécréter le malheur tout seul, dans l'intimité de son for intérieur, c'est une autre paire de manches. On peut toujours reprocher son manque d'humour à un partenaire, attribuer les pires intentions à un patron ou mettre sa propre mauvaise humeur sur le compte du temps qu'il fait - mais comment s'y prendre pour faire de soi-même son pire ennemi ? (quatrième de couverture).

(...) Et l'effet est garanti aussi longtemps que l'étudiant s'en tient à deux règles simples. Premièrement, une seule solution est possible, raisonnable, autorisée, logique ; si elle n'a pas encore produit l'effet désiré, c'est qu'il faut redoubler d'effort et de détermination dans son application. Deuxièmement, il ne faut en aucun cas remettre en question l'idée qu'il n'existe qu'une solution et une seule. c'est sa mise en pratique qui doit laisser à désirer et peut être encore améliorée.

Prenons la phrase suivante d'une lettre de Rousseau à Mme d'Houdetot : "Si vous êtes à moi, je perds en vous possédant celle que j'honore". Oui, relisez-la, n'hésitez pas ! Car ce que semble dire Rousseau est assez dur à avaler, je le concède, pour le consommateur moyen : "Si tu me cèdes, toi ma bien-aimée, tu cesseras, du fait même,  d'être digne de personnifier mon amour."

(...) C'est pratiquement la totalité des conduites spontanées qui se prêtent à la construction de ces pièges imparables : (...) on peut exprimer le souhait de recevoir tel présent, puis être déçu de l'avoir reçu "seulement" pour en avoir exprimé le souhait ; (...) on peut chercher à s'endormir parce qu'on le veut ; on peut tenter d'aimer quand l'amour est présenté comme une obligation morale.



12/06/2009
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