La Fraternité Cannibale (roman) 3
8 juin 20**
Bonjour Bob,
D’abord, je dois malheureusement t’ôter ce dernier espoir. Charlotte est bien morte, il n’y a absolument aucun doute là-dessus. Je sais très bien que, comme tu le dis, constater de cette façon l’arrêt des fonctions vitales ne suffit pas toujours, et on n’autorisait rien de plus. Et il est vrai, tu es bien renseigné, qu’on ne meurt pas toujours après avoir bu le bol, et même après que certains aient vérifié comme je l’ai dit.
(Vais-je ajouter que c’est aussi mon cas, que j’ai bel et bien bu le bol par la suite en pensant mourir, qu’on m’a bel et bien tripoté vigoureusement la poitrine et que je n’ai rien ressenti ? Chaque chose en son temps…).
Mais pour elle il se trouve que je faisais alors aussi partie de l’équipe de dépeçage. J’étais en principe encore dans mon quartier libre, mais elle avait expressément demandé que j’y contribue pour elle, ultime façon de me faire réfléchir. Avant de manger quelqu’un il faut dépecer, découper, cuisiner. Cette fois-là j’ai d’ailleurs été gagnée par l’émotion. Je le suis de nouveau en tapant. J’ai dû me retirer au bout de quelques minutes, avec l’accord du chef. Tu comprendras que je ne veuille pas entrer dans les détails, mais j’en avais assez vu pour m’ôter toute espèce de doute sur la mort de Charlotte. Je n’imaginais pas à ce moment que j’aurais à le dire à un de ses proches. Je ne pensais pas d’ailleurs vivre aussi longtemps. Dans mon esprit, c’était mon tour d’être mangée. Et pour moi il n’était absolument pas question de flancher. C’aurait été reculer devant tout ce que j’avais cherché ostensiblement depuis des mois, autant dire rater ma vie.
Quant à Denis, puisque tu m’interroges sur lui, à partir de ce moment nous nous sommes embrassés pratiquement à chaque fois que nous nous croisions, mais sans rien nous dire au-delà de banalités ou de ce que pouvaient nécessiter les tâches communes. Il en a été de même par la suite avec Bernard. Il en était ainsi depuis plus longtemps avec bien d’autres.
J’en ai bien moins dit qu’hier, mais je te laisse pour cette fois. Tu peux me poser toutes les questions que tu voudras. Je ne te promets quand même pas de répondre à toutes.
Amicalement,
Rose.
Même jour quelques heures après…
Rebonjour Bob,
Je m’attendais à des questions sur Charlotte, voici que tu me demandes pourquoi, comment, j’ai pu en arriver à dépecer des gens. Je crois bien que tu soupçonnes je ne sais quelle perversité dans les recoins de mon esprit. Je n’y ai pas pris gout, je n’y ai pas non plus été vraiment incitée. Je l’ai fait par devoir, en me disant qu’il fallait que quelqu’un le fasse. Pas très longtemps d’ailleurs, puisque ce dépeçage a été mon dernier. On ne m’a pas fait de reproche, mais on considérait que je n’étais plus apte.
Peut-être que tu me soupçonnes de motivations, disons, pas très avouables. Peut-être que tu en nourris toi-même et que tu attends toutes sortes de détails pour alimenter tes fantasmes. À soupçon, soupçon et demi. Enfin, je ne crois pas que ces considérations nous mènent bien loin. Ma tâche à moi s’est limitée à inciser la peau selon des lignes bien précises, et à la tirer.
(Un peu plus quand même, mais il devrait comprendre que je n’ai vraiment pas envie d’en parler…).
Ne me demande pas plus de détails, s’il te plait. Après, ce n’était plus moi qui extrayais les muscles et les viscères, et cela ne me manquait pas. Mais, s’il n’y en avait eu qu’une pour le faire, je l’aurais fait. Un sacrifice qui ne va pas jusqu’à sa conclusion ultime, la consommation de la chair, c’est un crime !
En général, les bonnes volontés ne manquaient pas. Beaucoup de gens se figuraient, à tort ou à raison, que cela contribuerait à les rendre indispensables, donc impropres à la consommation. On ne le disait pas ainsi, mais clairement c’était l’idée.
Pour résumer donc, il y avait les purs et durs comme moi qui aspiraient à offrir leur barbaque, les rebelles plus ou moins déclarés comme Charlotte, qui en général ne duraient pas longtemps, et une majorité de gens qui ne cherchaient qu’à tirer leurs épingles personnelles du jeu.
Enfin, je peux te raconter quelque chose concernant mon premier dépeçage, au moment d’inciser sous le regard de mon instructeur. Je t’ai déjà parlé des tatouages. J’ai trouvé entre autres le poème suivant, à un endroit que la personne, donc très concrètement le plat du jour, n’avait jamais exposé de son vivant. Il y en avait d’autres un peu partout sur sa peau, mais je n’en ai vraiment retenu qu’un.
« Pour le bien de l’humanité,
Pour nourrir la communauté,
Tu vois, Manon s’est sacrifiée.
À toi sa dépouille est confiée.
Dépèce consciencieusement,
Et dans ton cœur fait le serment,
Quand sur elle avance ta lame,
Ardemment, de toute ton âme,
Que jamais, tant que tu vivras,
Un vendredi ne passera,
Sans qu’on consomme chair humaine.
Au besoin donc offre la tienne ».
Tout ce que je peux en dire, c’est qu’à ce moment j’y adhérais, comme elle dit, de toute mon âme.
Amicalement,
Rose.
9 juin 20**
Bonjour Bob,
Décidément, tu t’intéresses à moi. Tu me demandes comment, pourquoi, j’ai pu en arriver à vouloir être mangée après m’être régalée de la viande de gens que j’aimais, en théorie mais aussi souvent sincèrement. J’ai aussi savouré lentement, avec délectation, ma part de Charlotte. Dans mon esprit, à ce moment, c’était une façon d’honorer sa mémoire, tout en me rappelant que j’allais moi-même être mangée.
Devant vivre avec ce passé-là, j’ai tendance à oublier à quel point il est choquant, monstrueux. Donc voilà quelqu’un de jeune, en bonne santé physique, et qui aspire à se donner en nourriture, avant tout endoctrinement. Tu dois te demander quel genre de psychopathologie peut être derrière. Je me suis posé cette question. J’ai encore vu récemment un psy. Il m’a longuement testée et n’a rien décelé de vraiment ennuyeux… ce qui m’aurait peut-être plus soulagée qu’ennuyée.
Tout au plus, il a signalé une tendance autiste asperger modérée. Elle peut au moins expliquer certaines difficultés relationnelles, certaines curiosités incongrues aussi. Ces dernières me poussent à me documenter à outrance sur des sujets qui ont fort peu de chances de me servir. Cela a pu contribuer. Mais des gens en sont bien plus atteints que moi et arrivent à mener une vie raisonnablement normale, sans traitement comme sans dériver vers le cannibalisme ni rien d’équivalent. Donc cela ne suffit pas, ne peut même pas me servir d’alibi vis-à-vis de ma propre conscience morale.
Bref, ce n’est vraiment pas simple. Et il y a encore beaucoup de « pièges à émotions » (expression consacrée à la FC pour dire qu’il vaut mieux éviter de penser à sa vie avant…). Enfin, pour essayer de commencer par un bout, et vraiment par le début, Génésis, Béréshit. Ça veut dire « commencement », respectivement en grec et en hébreu. J’ai conscience d’être pédante. Il se peut que cela t’agace, mais alors tu voudras bien m’excuser. C’est un effet du syndrome Asperger, et surtout cela m’aide à dominer, justement, les émotions. Je vais l’être encore plus.
Il était une fois une petite fille, moi, qui adorait les contes de Charles Perrault. Et donc rien de tel pour l’endormir que Le Petit Chaperon Rouge, surtout le moment où le loup mange la grand-mère, et surtout si c’était sa grand-mère à elle qui racontait. J’ai lu par la suite l’histoire, présentée comme réelle, d’une autre fillette. Sa grand-mère à elle était obèse. À ce moment du récit, elle a eu ce cri du cœur : « Pauvre petit loup ! ». Mes grands-mères à moi étaient plutôt sèches, dans tous les sens de l’expression. Et sans être odieuses, loin de là, elles se montraient souvent, disons, déprimantes. Plus concrètement, elles n’en finissaient pas de gémir sur leurs rhumatismes, migraines, et autres malheurs. Elles gémissaient aussi sur la sinistre évolution du monde. Je ne cherche pas ailleurs la cause de mon horreur précoce du vieillissement, utile préalable à ma vocation cannibale. Donc j’étais aussi portée à prendre le parti du loup (enfin, ne voit-on pas aujourd’hui des gens prendre le parti des gentils loups contre les méchants bergers ? Pas le sujet, passons). Et quand l’héroïne était mangée à son tour, à la fin, je me disais que ce loup était quand même un peu humain. Dans tous les sens de l’expression aussi, puisqu’il la mettait à l’aise, essayait de lui éviter de souffrir. Enfin, je le voyais ainsi, avec des mots plus simples bien sûr. J’en arrivais à me dire, déjà, que c’est la meilleure façon et la meilleure raison de mourir. Je savais déjà, il me semble avoir toujours su, comment toute vie se termine. Après quoi venait la morale du conte, en vers. Elle dit en substance que les enfants doivent se méfier de certains loups à deux pattes qui ont l’air gentil, « doucereux » comme on disait à l’époque. La vie allait cruellement m’apprendre que cet avertissement garde toute sa pertinence aujourd’hui.
Il y avait aussi Le Petit Poucet, mais il m’était plus difficile de m’identifier à l’ogre ou à ses filles. J’ai appris depuis qu’il comportait une grosse part de vérité en son temps. Pas de bottes de sept lieues bien sûr, mais cela a été écrit un an ou deux après la plus meurtrière famine jamais enregistrée en France, en 1693, merci Louis XIV et ses guerres. Donc, réellement, des parents abandonnaient leurs enfants et d’autres les mangeaient. Cela s’est produit bien plus récemment, se produit peut-être toujours, dans d’autres pays. Enfin, La Belle au bois dormant, ma préférée. Parce que l’héroïne-titre, apprenant que sa très méchante ogresse de belle-mère a décidé de la faire égorger et cuisiner pour la manger, y consent avec ces mots (cette fois j’ai retenu par cœur) : « Faites votre devoir, lui dit-elle, en lui tendant le col ; exécutez l’ordre qu’on vous a donné ; j’irai revoir mes enfants, mes pauvres enfants que j’ai tant aimés ». Mais l’homme se laisse attendrir.
En grandissant, j’ai renouvelé le répertoire sur le même thème. Il y a eu les Contes du Chat perché, de Marcel Aymé. Dans un d’entre eux, on voit deux fillettes, deux sœurs, Delphine et Marinette, laisser imprudemment entrer un loup qui leur promet de ne pas les manger (mais il cédera à la tentation à la vue de leurs jolies jambes… et puis elles ressusciteront parce que c’est un conte). J’ai retenu ce dialogue :
« Comme le loup protestait de ses bonnes intentions, elle lui jeta par le nez :
― Et l’agneau, alors ?... Oui, l’agneau que vous avez mangé ?
Le loup n’en fut pas démonté.
― L’agneau que j’ai mangé, dit-il. Lequel ?
― Comment ? Vous en avez donc mangé plusieurs ! s’écria Delphine. Eh bien ! C’est du joli !
― Mais naturellement que j’en ai mangé plusieurs. Je ne vois pas où est le mal… Vous en mangez bien, vous ! ».
Il y avait aussi ce passage du Prophète de Khalil Gibran, qui me faisait vibrer même si le cannibalisme n’était pas explicite : « Lorsque vous tuez une bête, dites-lui en votre cœur : ‘Par la même puissance qui t’immole, moi aussi je suis immolé ; et moi aussi je serai dévoré. Car la loi qui t’a livrée entre mes mains me livrera entre des mains plus puissantes’ ».
J’attends tes commentaires.
Amicalement,
Rose.
Le même jour, deux heures après :
Bob, qu’est-ce que tu insinues, là ? Que je te raconte des histoires, c’est le mot ? C’est dans la version des frères Grimm, pas dans celle de Perrault, que le Petit Chaperon Rouge est sauvé à la fin. C’est très facile à vérifier si tu ne me crois pas. Le texte est en ligne sur Internet.
Et le « Prophète » dont je te parlais n’a aucun rapport avec celui de l’Islam. C’est aussi un conte, figure-toi. Je ne change pas de sujet sans prévenir. D’ailleurs Khalil Gibran n’était pas musulman mais chrétien, maronite. Tu aurais pu très facilement chercher sur le Net avant de me chercher, à moi, je ne sais quels poux.
J’attends tes excuses, ou l’échange s’arrêtera là.
Amicalement,
Rose.
Même jour, un quart d’heure après…
Bob, tu es réactif, dis donc !
J’accepte volontiers tes excuses, et je te présente les miennes parce que je t’ai accusé un peu vite. Mais c’est mon tempérament, y compris face aux très vénérés et dans les périodes où j’y croyais le plus. Et ils l’acceptaient. Pour que tu comprennes un peu mieux ma personnalité, puisqu’apparemment elle t’intrigue, je vais retranscrire, pour autant que je m’en souvienne, la discussion que j’ai eu le lendemain du sacrifice de Charlotte, avec Ludo. Je venais juste de me lever le matin. J’apprends qu’il souhaite me parler. J’y vais docilement. Mais je n’attends même pas qu’il m’explique ce qu’il me veut. Je l’interpelle agressivement :
― Je n’arrive pas à comprendre qu’on ait pu remettre le bol à Charlotte après une pareille dernière volonté !
Il a l’habitude de ce genre d’éclats avec moi. Il répond calmement :
― Ah bon ? Imagine qu’on le lui refuse. Tu crois que quelqu’un d’autre se serait proposé ?
― Oui, au moins moi, et d’ailleurs c’aurait dû être moi. Et maintenant on doit, ou arrêter les sacrifices, ou avouer qu’on ne respecte pas toujours les dernières volontés. Joli résultat !
― Que fais-tu des dernières volontés de celles et ceux qui ont demandé qu’on continue le cannibalisme le plus longtemps possible ? Crois-tu qu’elles soient annulées ?
― On a déjà vu une dernière volonté défaire ce qu’une dernière volonté avait fait.
― C’était une contre une. À présent, quand bien même tu te sacrifierais, et je me sacrifierais, en demandant la même chose que Charlotte…
Il marque un temps. Il m’avouera plus tard qu’il espérait, vaguement, que je réponde « chiche ». Nous étions tous les deux près de la révolte intégrale mais ce n’était pas encore mûr. Je ne dis rien et donc il complète naturellement :
― Ça resterait minoritaire.
Je ne désarme pas encore, j’attaque sous un autre angle :
― Je sais très bien qu’on a refusé des sacrifices pour moins que ça.
― C’était avant ton arrivée. On ne manquait pas de volontaires en ce temps. Je l’étais moi-même, n’étant pas encore TVM. Par exemple, un vendredi, Victor a demandé qu’on ne sacrifie plus que des gens arrivés depuis au moins neuf mois. On a considéré que ce n’était pas acceptable. Il ne voulait pas y renoncer. On l’a refusé, et on a fait appel aux volontaires. On a choisi Blandine, qui n’était là que depuis trois mois. Elle était pourtant prête à mourir. Elle avait sa liste de dernières volontés, un papier qu’elle a lu. On lui a suggéré, et elle a accepté, d’ajouter que toute dernière volonté prétendant décider qui devrait se sacrifier ou pas serait désormais nulle et non avenue, qu’on n’aurait même pas à le signaler à la personne. Elle a bu le poison, on l’a mangée. Ce n’est pas pour rien que le rituel comporte l’expression « dans toute la mesure du possible ». C’est ni plus ni moins ce qu’on a appliqué pour Charlotte. D’ailleurs elle le savait. Quand bien même elle ne l’aurait pas su, on n’aurait rien changé. Cela s’est produit pour d’autres.
Moi qui entrevoyais une révolte et le refus en bloc du cannibalisme, je suis déjà rentrée dans le rang.
― Bon, d’accord. D’ailleurs je le me le suis toujours tenu pour dit. J’estime n’avoir même pas à dire si on doit continuer le cannibalisme. J’aimais beaucoup Charlotte, mais je regrette qu’elle ait balancé ça.
― Sais-tu qu’il y a eu des dernières volontés encore plus ennuyeuses que la sienne ? Tu n’étais pas encore arrivée non plus quand Karl s’est sacrifié. Et il n’y avait pas encore eu le cas de Victor. Karl, donc, a lancé, avec toute la rage qu’on peut y mettre : « Que vous creviez tous !! ». Et on lui a remis le poison, et il l’a bu, et sa viande était aussi bonne et nourrissante que les autres. Qu’en penses-tu ?
― J’en pense que… j’ose espérer qu’on va me manger vendredi prochain.
― Pour l’instant, encore une fois, tu peux faire comme si. On ne t’a pas obligée à te rhabiller. Ce sera vraiment décidé après-demain. Tu pourras, si tu le souhaites, assister à la réunion.
― Alors ce n’est pas sûr ??
― C’est même peu probable. Rose, on te mangera bien un jour, à moins que tu ne veuilles plus, mais le plus tard possible. Tu as été désignée parce qu’on ne trouvait personne d’autre, mais d’autres bonnes volontés se sont révélées depuis… comme si le vœu de Charlotte avait eu l’effet contraire. J’espère d’ailleurs être mangé moi-même avant toi, mais je dois impérativement régler beaucoup de choses au préalable. Il y en a pour quelques mois. Toi, non seulement tu es très efficace pour ce que tu fais mais tu es une fille très attachante, en dépit ou peut-être bien à cause d’un caractère un peu rugueux…
Je suis de très mauvaise humeur, et par ailleurs dégoutée de la vie en général.
― Ah ! Alors, si je suis trop attachante parce que mon caractère n’est pas assez rugueux, je crois pouvoir arranger ça !!
Il répond à nouveau calmement, fermement. Et indépendamment même de sa position il a déjà un don pour m’apaiser :
― Rose, je te le déconseille. Je dirai même que je te supplie de ne pas suivre cette voie ! Je te répète que tu es pour le moment une fille très utile et très attachante. Mais le mal n’est jamais totalement vaincu, pas plus chez nous autres d’ailleurs. Moi-même, j’ai parfois de sérieux doutes, de sales tentations…
Il marque un temps. Il m’avouera là encore, bien plus tard, qu’il espérait, déjà, que je réagisse à cet aveu, que je l’interroge. Mais, même si l’idée a pu m’effleurer dans cette même discussion, je ne suis décidément pas prête à tout remettre en cause. Je n’y pense pas et il n’insiste pas. Il reprend :
― Et donc, si une personne tourne mal au point qu’il devienne indispensable de s’en débarrasser, souvent on s’en débarrasse autrement qu’en la mangeant. C’est d’ailleurs ce qui a failli arriver à Charlotte.
― Ne doit-on pas respecter sa mémoire ??
― Certes, et bénie soit-elle à jamais. Mais son chemin a suivi bien des détours qui ne sont vraiment pas nécessaires, pour personne. Pour revenir à ton cas, on sait que tu as la réplique facile et le caractère beaucoup moins. On sait que quand tu dis « non », quand ce n’est pas « merde », il vaut mieux ne pas insister à moins d’avoir des raisons impérieuses. Cela dit, il y a bien pire comme caractère et personnalité, et qu’on accepte, y compris de gens qui ne veulent pas entendre parler de se sacrifier. On souhaite que tu restes ainsi, ni plus ni moins. On souhaite te voir heureuse, quitte à ce que tu ne veuilles plus être mangée. On ne peut pas t’y obliger, à être heureuse.
La pensée m’a bien un peu effleurée que je ne voyais pas les autres, et lui-même, tellement heureux, que cela n’aide vraiment pas à l’être soi-même. Mais elle s’est vite diluée dans les routines du quotidien. Je m’en tiendrai là pour aujourd’hui, Bob. Je te laisse intégrer ça.
Amicalement,
Rose.
La suite : 4
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