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Pensées (Blaise Pascal)

On ne va pas tout dire, ni ressortir les innombrables gloses et exégèses qui ont pu en être faites. Juste trois remarques.

La première, c'est que Pascal, très croyant au moment où il rédige ces notes, s'adresse expressément aux incroyants de son temps et ce, sans haine, sans colère, sans mépris, sans impatience. Aucune intolérance donc. A une époque où il arrivait encore que l'on brûlât les mal-pensants, cela mérite d'être relevé.

On y trouve aussi :

Deux excès, exclure la raison, n'admettre que la raison (pensée 253).

La deuxième, c'est qu'il parle beaucoup de la Bible. Et il considère que ce qui s'y trouve est vrai. Pourquoi ? Parce que les témoins sont cités, ni plus, ni moins.

Sem, qui a vu Lamech, qui a vu Adam, a vu aussi Jacob, qui a vu ceux qui ont vu Moïse ; donc le déluge et la création sont vrais. Cela conclut entre de certaines gens, qui l'entendent bien (pensée 409).

Les âges on ne peut plus canoniques donnés par la Bible pour ces personnages sont donc considérés comme vrais, et on s'en sert pour montrer que la Bible est vraie. Un peu circulaire, le raisonnement...

Eût-il vécu une vingtaine d'années de plus (il est mort à 39 ans), il n'aurait pu maintenir ce discours, Hobbes, Spinoza et d'autres ayant montré l'impossibilité que Moïse ait pu écrire le Pentateuque...

Troisième remarque : le fameux pari, adressé donc lui aussi à des incroyants, ressemble aussi fort à un raisonnement circulaire, croire pour croire, croire parce qu'on croit que c'est avantageux de croire, en passant par faire semblant.

(...) Travaillez donc, non pas à vous convaincre par l'augmentation des preuves de Dieu, mais par la diminution de vos passions. Vous voulez aller à la foi, et vous n'en savez pas le chemin ; vous voulez vous guérir de l'infidélité, et vous demandez les remèdes : apprenez de ceux qui ont été liés comme vous, et qui parient maintenant tout leur bien ; ce sont gens qui savent ce chemin que vous voudriez suivre, et guérir d'un mal dont vous voulez guérir. Suivez la manière par où ils ont commencé : c'est en faisant tout comme s'ils croyaient, en prenant de l'eau bénite, en faisant dire des messes, etc. Naturellement même cela vous fera croire et vous abêtira (...) (pensée 451).

"Abêtira", il a osé... 



03/07/2009
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