La Bible, le Coran et la Science (Maurice Bucaille)
Cela commence par un éreintement de la Bible du point de vue de sa cohérence, donc ses contradictions internes. Des choses connues par ailleurs. Enfin, cette première partie serait du travail honnête s'il faisait de même pour le Coran. Mais non, il n'émet aucune réserve sur sa "révélation" sans altération. Voir par ailleurs sur ce blog Nous n'avons jamais lu le Coran.
Quand on explore la qualité scientifique d'un texte produit à une époque donnée, la première chose à faire est de voir ce que disait la Science à cette époque. Bucaille s'en dispense. Il traite ainsi de la science selon le Coran sans se soucier de ce que l'on en savait et supposait en son temps, ou alors en les réduisant à de vagues mythes. S'il avait effectué ce travail, il aurait vu que l'embryologie du Coran suit celle de Claude Galien, quatre siècle auparavant, en reproduisant d'ailleurs la même erreur, les os qui se forment avant la chair.
On pourrait en rester là puisque, selon Bucaille, il n'y a aucune erreur...
L'ouvrage est rempli d'interprétations biaisées voire forcées d'un même terme, quitte à lui trouver un autre sens que celui habituel. Exemple :
Dans la sourate 70, verset 40, l'expression : "Seigneur des Orients et des Occidents".
Dans la sourate 55, verset 17 celle-ci : "Seigneur des deux Orients et des deux Occidents".
(..) Des repères pris à chacun des horizons définissent des points extrêmes marquant deux Orients et deux Occidents. (p287)
Ce qui serait lié pour lui au fait que le Soleil ne se couche pas au même point de l'horizon tout au long de l'année. Et ce serait une connaissance miraculeuse ! C'est d'autant plus aberrant que les mots traduits par "Orient" et "Occident" sont "Machrek" et "Maghreb". C'est donc une division géographique de la terre, une façon de dire "Seigneur de toute la terre" (peut-être même des quatre points cardinaux répartis autrement, nord-est, sud-est, nord-ouest, sud-ouest, et je suis bien plus proche du texte en avançant cela que Bucaille).
De même, sans oser aller jusqu'à l'affirmation :
Les "luminaires" évoqués dans ce même verset se rapporteraient-ils aux étoiles filantes, dont on a vu l'évocation plus haut ? (p277)
Ces "luminaires" ornent le ciel "le plus proche" selon 37:6 et 41:12. Un phénomène aussi rare et aussi bref ne saurait être qualifié d'"ornement", qui suppose un minimum de permanence. Toutes les traductions indiquent qu'il s'agit des étoiles. Mais les placer sur le ciel le plus proche vend la mèche. Si au moins elles étaient sur le ciel le plus éloigné, ce serait conforme à l'astronomie de son temps. On savait depuis Aristarque de Samos que les étoiles, supposées occuper un même "ciel" puisque paraissant fixes les unes par rapport aux autres, sont bien plus éloignées que les autres astres.
Bucaille parle tantôt de "cieux" tantôt d'"orbites" sans jamais s'aviser que ces deux termes sont strictement synonymes dans le cadre de référence clairement utilisé par l'auteur du Coran, peu importe qu'on l'appelle Allah ou Mohammed. Un ciel était une sphère solide creuse, une orbite aussi (nous en avons toujours une pour chaque oeil...).
Pour la démonstration plus complète que les "sept cieux solides" correspondent à l'astronomie de l'époque, approximative mais bien reconnaissable, voir cette page.
Et ne cherchez pas chez Bucaille une explication de cette qualification de "solides" ("sans faille"... "qui doivent se briser à la fin des temps"...).
Sur la géologie :
Ces versets expriment que la manière dont sont disposées les montagnes est favorable à la stabilité, ce qui est tout à fait en concordance avec la géologie. (p315)
Ah bon ? Il est pourtant admis que les montagnes résultent soit du volcanisme, soit de la tectonique des plaques, et sont donc des conséquences d'une instabilité, certainement pas des causes d'une stabilité.
On cherche en vain une explication des versets 86 et 90 de la sourate 18, incompréhensibles si on ne suppose pas la terre plate.
Enfin, supposons, admettons, juste un instant et même si on en est loin, il y aurait des vérités scientifiques miraculeuses dans le Coran. Et après ? Qu'est-ce qui nous prouverait qu'elles ne viendraient pas du Diable, être surnaturel qui cherche à tromper d'après ce même Coran ?
Et en définitive, une telle démarche contredit une injonction coranique :
Dis : à Dieu seul appartient l'argument péremptoire. S'Il avait voulu, Il vous aurait tous dirigés dans le chemin droit (6:149)
Ici d'après Kasimirski (où il porte le numéro 150 puisque cette traduction date d'avant la normalisation du début du vingtième siècle), les traductions plus récentes édulcorent ce verset.
Et donc l'argument péremptoire divin n'est pas dans le Coran, divin lui-même si on y tient mais néanmoins donné à l'Homme.
D'après la version de poche, Seghers 1976.
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