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Mein Kampf (Adolf Hitler)

Dans l'édition (en ligne, Bibliothèque électronique du Québec) utilisée ici, un long avertissement légal rappelle toutes les horreurs inspirées par l'ouvrage en question.

A ce titre, « Mein Kampf » n'a pas cessé de tomber sous le coup de la loi du 29 juillet 1881 modifiée par la loi du 3 juillet 1972 qui dispose :

Article 24, alinéa 5. – « Ceux qui, par l'un des moyens énoncés à l'article 23, auront provoqué à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée, seront punis d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 2000 à 300 000 francs ou de l'une de ces deux peines seulement. »  

Article 32, alinéa 2. – « La diffamation commise par les mêmes moyens envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée sera punie d'un emprisonnement d'un mois à un an et d'une amende de 300 francs à 300 000 francs, ou de l'une de ces deux peines seulement. »

Article 33, alinéa 3. – « Le maximum de la peine d'emprisonnement sera de six mois et celui de l'amende de 150 000 francs si l'injure a été commise dans les conditions prévues à l'alinéa précédent, envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non- appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée. »

Dont acte.

Suit une longue préface-justification de l'éditeur qui commence ainsi :

La publication de « Mein Kampf » peut heurter la sensibilité de ceux qui, directement ou à travers leurs proches, ont souffert des persécutions et des crimes commis, à une époque encore récente, au nom de la doctrine hitlérienne. Pourtant les victimes du plus atroce crime contre l'humanité ne peuvent être vouées à l'oubli. Il importe que les hommes se souviennent du crime et s'en détournent avec horreur dans les temps à venir.

Ces crimes sont détaillés dans la suite. On ne peut donc ignorer que si Mein Kampf est encore publié chez nous (ou commenté ici), ce n'est pas pour relancer les idées atroces qui s'y trouvent défendues.

Mein Kampf est dédié à des martyrs (selon l'auteur, bien entendu), les quatorze morts du putsch avorté de Munich.

Le 9 novembre 1923, à midi et demi, devant la Feldherrnhalle et dans la cour de l'ancien Ministère de la Guerre, les hommes dont les noms suivent tombèrent pour leur fidèle croyance en la résurrection de leur peuple : (...)

KUHN Karl, sommelier, né le 26 juillet 1897. (...)

Ce patronyme plutôt juif (le seul dans la liste) ne signifie évidemment rien de plus, juste une curiosité. La conclusion :

Les autorités nationales refusèrent, après leur mort, une sépulture commune à ces héros. A leur mémoire commune je dédie le premier volume de cet ouvrage, afin que leur martyre rayonne constamment sur nos partisans.

Landsberg-a.-L., Maison d'arrêt, le 16 octobre 1924.

Adolf HITLER.

On n'a pas assez, à mon sens, relevé à quel point, avec quelle efficacité, les mouvements totalitaires mettent en avant leurs martyrs (vrais ou faux), voir par ailleurs, sur ce blog, mon ouvrage sur la question.

Dans une préface, l'auteur rappelle qu'il se trouve en prison à la suite de ce putsch manqué à Munich, et il explique son but :

Je me suis donc décidé dans ces deux volumes, à exposer non seulement les buts de notre mouvement, mais encore sa genèse. Un tel ouvrage sera plus fécond qu'un traité purement doctrinaire.

De plus, j'avais ainsi l'occasion de montrer ma propre formation, pour autant que cela est nécessaire à la compréhension du livre, et que cela peut servir à la destruction de la légende bâtie autour de ma personne par la presse juive.

Le ton est donné. C'est moins vociférant qu'on pourrait le penser, c'est posé, didactique. Il commence classiquement par raconter sa jeunesse.

Réfléchissez bien avant de contrarier une vocation chez vos enfants. Le jeune Adolf, qui par ailleurs parle très positivement de ses parents, y est passé :

« Artiste-peintre, non, jamais de la vie. » Mais comme son fils avait hérité en même temps que de ses autres qualités, d'une opiniâtreté semblable à la sienne, ma réponse en sens contraire fut aussi énergique. (t1 p41)

En même temps, l'ennemi est désigné d'entrée de jeu. Toutefois, on apprend que le jeune Adolf n'a pas toujours été antisémite, que ses parents ne l'étaient pas.

Ce fut seulement quand j'eus quatorze ou quinze ans que je tombai fréquemment sur le mot de Juif, surtout quand on causait politique. Ces propos m'inspiraient une légère aversion et je ne pouvais m'empêcher d'éprouver le sentiment désagréable qu'éveillaient chez moi, lorsque j'en étais témoin, les querelles au sujet des confessions religieuses.

À cette époque, je ne voyais pas la question sous un autre aspect.

Il n'y avait que très peu de Juifs à Linz. Au cours des siècles ils s'étaient européanisés extérieurement et ils ressemblaient aux autres hommes ; je les tenais même pour des Allemands. Je n'apercevais pas l'absurdité de cette illusion, parce que leur religion étrangère me semblait la seule différence qui existât entre eux et nous. Persuadé qu'ils avaient été persécutés pour leurs croyances, les propos défavorables tenus sur leur compte m'inspiraient une antipathie qui, parfois, allait presque jusqu'à l'horreur. (t1 p106)

Et il présente comme un long combat sa prise de conscience progressive de la nature des juifs :

Ce fut l'époque où se fit en moi la révolution la plus profonde que j'aie jamais eu à mener à son terme.

Le cosmopolite sans énergie que j'avais été jusqu'alors devint un antisémite fanatique. Une fois encore – mais c'était la dernière – une angoisse pénible me serra le coeur.

Tandis que j'étudiais l'influence exercée par le peuple juif à travers de longues périodes de l'histoire, je me demandai soudain avec anxiété si le destin, dont les vues sont insondables, ne voulait pas, pour des raisons inconnues de nous autres pauvres hommes, et en vertu d'une décision immuable, la victoire finale de ce petit peuple ?

Est-ce qu'à ce peuple, qui n'a toujours vécu que pour la terre, cette terre aurait été promise comme récompense ? (t1 p128)

Réponse bien entendu négative pour lui aux dernières questions. Conclusion :

C'est pourquoi je crois agir selon l'esprit du Tout-Puissant, notre créateur, car :

En me défendant contre le Juif, je combats pour défendre l'oeuvre du Seigneur. (t1 p130)

Et si cette référence au Seigneur vous surprend :

Il faut reconnaître que celui-ci [Jésus] n'a jamais fait mystère de l'opinion qu'il avait du peuple juif, qu'il a usé, lorsqu'il le fallut, même du fouet pour chasser du temple du Seigneur cet adversaire de toute humanité, qui, alors comme il le fit toujours, ne voyait dans la religion qu'un moyen de faire des affaires. Mais aussi le Christ fut pour cela mis en croix, tandis qu'on voit aujourd'hui le parti politique chrétien se déshonorer en mendiant pour les élections les voix des Juifs et en cherchant ensuite à nouer des intrigues avec les partis juifs athées, même contre ses propres nationaux. (t1 p539)

Il raconte aussi sa guerre, et la façon dont elle s'est finie pour lui :

Sur une colline au sud de Wervick, nous nous trouvâmes pris, dès le soir du 13 octobre, durant de longues heures, sous un feu roulant d'obus à gaz. Cela continua toute la nuit avec une plus ou moins grande intensité. Vers minuit, une partie d'entre nous furent évacués, parmi eux quelques-uns disparus pour toujours. Vers le matin, la douleur s'empara de moi, augmentant de quart d'heure en quart d'heure, et, à 7 heures du matin, je revins en trébuchant et chancelant vers l'arrière, les yeux en feu, emportant avec moi ma dernière affectation de la guerre.

Quelques heures plus tard, mes yeux se changèrent en charbons ardents et les ténèbres se firent autour de moi. (t1 p356) 

Sur la fin et les suites en Allemagne de cette même guerre que d'aucuns voulaient Der des der :

Les circonstances se sont cruellement vengées de ce que l'on ait, au front, supprimé la peine de mort, et rendu inopérante la loi martiale. Une armée de déserteurs se répandit, surtout en 1918, dans la zone de l'arrière ; elle aida à constituer cette grande organisation criminelle que nous vîmes soudain apparaître devant nous après le 7 novembre 1918 et qui fit la révolution. (t2 p267)

Sur la doctrine politique, pas de surprise :

De même que la femme est peu touchée par des raisonnements abstraits, qu'elle éprouve une indéfinissable aspiration sentimentale pour une attitude entière et qu'elle se soumet au fort tandis qu'elle domine le faible, la masse préfère le maître au suppliant, et se sent plus rassurée par une doctrine qui n'en admet aucune autre près d'elle, que par une libérale tolérance. La tolérance lui donne un sentiment d'abandon ; elle n'en a que faire. (t1 p90)

On apprend aussi l'origine des SA (Sections d'Assaut), il s'agissait au départ du service d'ordre du nouveau parti :

Il arriva plus d'une fois qu'une poignée de nos camarades s'affirma héroïquement contre une énorme masse de rouges qui hurlaient et cognaient. Il est vrai qu'on eût pu, finalement, venir à bout de ces quinze à vingt hommes. Mais les autres savaient qu'auparavant au moins une quantité double ou triple de leurs partisans aurait eu le crâne défoncé, et ils ne s'y risquaient pas volontiers. (t2 p203-204)



20/01/2011
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