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Don Giovanni (Da Ponte, Mozart)

Il est couramment considéré comme le meilleur opéra. On admettra que l'intrigue est connue ou alors à quoi bon s'y intéresser ? Le principal intérêt est bien sûr la musique de Mozart, que je me borne à écouter. Pour le reste, on peut penser que c'est amusant et bien enlevé, mais truffé de très grosses ficelles et d'invraisemblances. Molière avait fait mieux avec le sujet. Et les rapports sociaux qu'on y voit sont dépassés. Pourtant, en y regardant de plus près, il y a une trame qui ne l'est pas, dépassée.

On trouve donc un personnage central (baryton), extrêmement brillant, passionnant, charmant, avenant, séduisant (Oh combien !), mais dont il faut se méfier car il est aussi extrêmement narcissique, égoïste, immoral, pervers. Et six autres personnages, trois hommes, trois femmes, tous plus ordinaires les uns que les autres et pourtant bien contrastés, qui s'y trouvent confrontés en ordre dispersé. Et ils hésitent, comprennent, retombent encore dans le piège. Et comme ils ne le font pas en même temps ils se méfient les uns des autres, s'opposent plus ou moins rudement les uns aux autres. Qu'on ne me dise pas que cela n'arrive pas, que ce n'est pas on ne peut plus typique. Et passons-les donc en revue, ces six malheureux, dans l'ordre d'apparition :

Leporello (baryton), dès le lever de rideau au premier acte, se plaint de la vie infernale que lui fait mener son maitre (Notte i giorno faticar...). Pourtant il met un plaisir manifeste à détailler, registre en main, pays par pays, les 2021 conquêtes de son maitre, dont 1003 en Espagne, pour l'infortunée Donna Elvira (soprano). Et il montrera maintes velléités de rendre son tablier, ou de mettre en garde les femmes visées par son maitre, mais à chaque fois se laissera reprendre.

Donna Anna (soprano), suivie comme son ombre par Don Ottavio (ténor), n'a aucune hésitation à avoir. Son père (basse) s'est fait tuer pour tenter de la défendre d'un violeur. Mais elle a du mal à l'identifier à ce charmant Don Giovanni qu'elle connait par ailleurs.

Donna Elvira (mezzo), ancienne épouse du séducteur, ne devrait avoir aucune illusion, elle commence par lui faire d'amers reproches... mais n'en éprouvera pas moins pour lui un regain surprenant d'affection. Et à peu près jusqu'à la fin elle ne désespérera pas de le ramener dans le droit chemin.

Zerlina (soprano), au moment même de se marier, tape dans l'oeil de Don Giovanni. D'abord attirée par ce cavaliere qui ne saurait avoir que de pures intentions, elle se laisse peu à peu convaincre qu'elle pourrait faire sa vie avec lui. Détrompée, elle manquera encore succomber. Son fiancé, Masetto (basse), comprend du premier coup d'oeil (ho capito, Signor si...) ce que le Signor Cavaliere veut à sa bien-aimée. Et pourtant il se fera encore berner en le prenant pour un autre, au point de lui abandonner ses armes.

Et les rapports entre ces six personnages sont donc aussi perturbés par le héros central. Anna et Ottavio ont du mal à se mettre d'accord sur la suite de leur amour. Pour apaiser la colère compréhensible de Masetto, Zerlina l'invite à la battre (batti batti o bel Masetto la tua povera Zerlina...). Elvira a d'abord du mal à convaincre les autres. Quant à Leporello, il manque se faire mettre en pièces par eux, Zerlina étant particulièrement remontée contre lui (il est vrai que les scènes les plus dures à cet égard sont généralement coupées).

Et des Don Giovanni, pas forcément séducteurs mais présentant toutes les autres caractéristiques, j'en ai connu quelques uns (et aussi quelques unes...), et je ne souhaite à personne d'en connaitre...



01/12/2011
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