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Carmen (Georges Bizet, Meilhac et Halévy)

C'est quasiment un condensé des recettes de l'opéra, ça se passe du côté de Séville (comme Don Giovanni, Les noces de Figaro, Le barbier de Séville, Fidélio, La force du destin... mais au moins il y a un peu de couleur locale dans Carmen) :

Près des remparts de Séville
Chez mon ami Lillas Pastia,
J'irai danser la seguedille
Et boire du Manzanilla... (Acte 1 scène 9)

(On note que les quatre principaux protagonistes viennent d'ailleurs, de Navarre, de Grenade, ou de la Bohème donc de nulle part).

Il y a de la jalousie exacerbée (Don Giovanni, Médée, Norma, Aida, Otello, Le Crépuscule des dieux, Eugène Onéguine, Cavalleria rusticana, Pagliacci, Tosca...) :

Carmen : Oui; et quand j'ai eu dansé, ton lieutenant s'est permis de me dire qu'il m'adorait...
José : Carmen!..
Carmen : Qu'est-ce que tu as ?.. Est-ce que tu serais jaloux, par hasard ?..
José : Mais certainement, je suis jaloux... (Acte 2 scène 5, partie parlée donc en prose).

Ce n'est qu'un début...

Il y a un duel (comme dans Don Giovanni, Faust, Lohengrin, La force du destin, Eugène Onéguine, Le Cid, Cavalleria rusticana...) :

Mettez-vous en garde et veillez sur vous,
Tant pis pour qui tarde à parer les coups ! (acte 3 scène 3)

Il y a une prédiction funeste (Macbeth, Bal masqué, Khovanchtchina, Tétralogie, Le Coq d'or...) :

Oui, si tu dois mourir, recommence vingt fois,
la carte impitoyable
répétera : la mort !
[tournant les cartes]
encor !.. encor !.. toujours la mort ! (Acte 2 scène 2)

A noter qu'elle se révélera très classiquement auto-réalisatrice : Carmen se montrera dès lors suicidaire.

Il y a un sortilège (La Flute enchantée, Freischütz, Rouslan et Ludmilla, Faust, Tristan et Isolde, L'or du Rhin, Parsifal, La Dame de pique...) :

Avec quelle adresse elle me l'a lancée, cette fleur... là, juste entre les deux yeux... ça m'a fait l'effet d'une balle qui m'arrivait...
il respire le parfum de la fleur,
Comme c'est fort !.. certainement s'il y a des sorcières, cette fille-là en est une (acte 1 scène 6, partie parlée donc en prose).

Il y a le drame dans la fête (Lucia di Lammermoor, Rigoletto, Traviata, Tannhaüser, Un bal masqué, AidaLa Dame de pique...).

Mais quand même, pour que ça marche, ou pour activer à fond la créativité du compositeur, il faut quelque chose de plus profond. Don José (ténor) se voit subitement proposer le choix entre deux amours. Un, Micaëla (soprano) tendre et fiable (elle se montrera très solide) mais qui promet d'être monotone et infantilisant (c'est arrangé par la mère de José), l'autre, Carmen (soprano ou mezzo) beaucoup plus excitant et dynamisant, mais aussi corrosif et instable. Elle commence par mentir effrontément pour lancer sa conquête, il s'en rend compte et pourtant finira par y passer, en plusieurs temps. Le mauvais choix de Don José le conduit à une descente aux enfers. Détruit moralement et socialement, rejeté, il finit par poignarder sa Bohémienne, et se livrer à la Justice.



21/02/2012
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